L'imaginaire collectif comme biais de l'action humaine

La philosophie politique a très tôt compris que l'imaginaire des individus gouverne ceux-ci. Dès La République de Platon, Socrate commence la construction de sa cité par le choix d'une bonne religion. La Grèce Antique avait ses histoires (mythes) pour structurer les croyances.

La rencontre d'Ulysse avec le Cyclope est un exemple. Ulysse affronte les Cyclopes, des êtres sauvages et barbares incapables de tenir une assemblée et de délibérer ensemble. Ils font paître leurs troupeaux dans la journée et rentrent le soir dans leur caverne et "allument" leur feu qu'ils regardent avant de s'en dormir. Pour les grecs être un barbare c'est être incapable d'oeuvrer avec les autres. Cela constituait la pire des hontes.

Ou encore Ulysse trop fier de s'être joué de Philomène s'est moqué de lui tombant dans l'hubris, l'excès de confiance qui vous fait vous prendre pour un dieu. C'est cet excès qui condamnera Ulysse à errer (l'Odyssée) et à retourner seul et vêtu comme un mendiant dans son Ithaque. L'hubris était la leçon de vie des grecs de l'époque.

Donner un imaginaire aux hommes si possible correct dans le sens de l'oeuvre commune, est la priorité de tout fonctionnement de cités.

L'imaginaire collectif est occupé par la religion et l'histoire.

La question de la religion est un impératif dans les affaires des familles en affaires. L'athée qui ne se projette pas dans un passé et ne recherche pas son origine, ne peut s'approcher de l'idée de gérer une famille en affaire. Après lui, plus rien. Il ne s'inscrit dans aucun imaginaire invitant à la transmission. On pourrait ici s'attarder à déterminer quelle forme de religion est favorable à l'entreprise familiale.

L'histoire est tout aussi fondamental. La famille doit s'efforcer d'écrire et d'enseigner son histoire et tout spécialement l'histoire des entrepreneurs familiaux.

Là est donc la puissance du poète Homère qui dans son oeuvre L'Iliade et l'Odyssée alimenta l'imaginaire grec en relatant des faits dont les acteurs étaient des hommes et des dieux. C'est pourquoi pour Platon, le poète fait obstruction à la quête de La Vérité de sa cité. Donc aucun compromis n'est possible : il faut chasser le poète de la cité.

L'imaginaire est aussi formé par l'environnement géographique.

Tocqueville l'a analysé dans la D.A. en décrivant les américains du nord devant faire avec un environnement hostile et les américains du sud habitués aux dons généreux des terres du sud. De même en France, ses habitants sont habitués à se nourrir à la mère terre nourricière tant le pays est généreux. Le français est par exemple habitué, formé à aller au travail, c'est à dire aux champs puis rentrer chez lui. A la révolution industrielle, il ira dans les industries faire le travail. Il exécute, réalise selon ce qui lui ai demandé. C'est à dire qu'il n'a jamais été habitué à oeuvrer ensemble avec d'autres français. Chacun se retrouve sur le champs ou le lieu de travail pour effectuer dans son coin sa tâche. A cette manque d'attrait du travail s'ajoute son habitude à travailler la terre pendant une partie de l'année et à attendre l'autre partie de l'année qu'il puisse y travailler.